Shoya, un écolier, harcèle une
camarade sourde fraichement transférée dans sa classe. Il n’est ni seul ni le
premier à agir de la sorte, mais,
dépassé par des sentiments ambivalents, pour lui les choses dérapent. Les
moqueries et autres vexations finiront par laisser placent à de la violence
physique. Alors que les parents de Shoko la victime réagissent à la destruction
des prothèses auditives et iront jusqu’à retirer leur fille de l’établissement,
Shoya est pointé du doigt comme responsable, et devient le bouc émissaire. De là, il est ostracisé et c’est comme ça
qu’on le retrouve quelques années plus tard au lycée isolé et étouffé par la
culpabilité.
Incapable de se racheter pour
ses méfaits passés ou d’effacer toute la souffrance qu’il a provoquée, le suicide
lui semble être la seule issue possible.
Tiré d’une série de manga, «
the silent voice » (Koe no katachi) est un film d’animation qui est passé bien
plus vite que ses 2h10 ne pouvaient me laisser craindre. Des thèmes lourds ou
profonds comme le harcèlement, la culpabilité, l’amitié et le suicide sont
traité avec tendresse et surtout un ton d’une justesse exquise.
Si le film est surtout centré
sur la relation entre Shoya et Shoko, il y a tout un cortège de personnages qui
viennent se greffer : familles, camarades, amis passés et présents ce qui
multiplie les points de vue et permet de développer de manière subtile les
différents thèmes. Par exemple même si Shoya a embrassé pleinement son rôle de
bouc émissaire et se voit comme étant le responsable principal de tout ce qui
est arrivé à la jeune sourde, il faisait partie d’un groupe d’écoliers qui ont
tous participé à leur manière au harcèlement, en le lançant, en l’incitant ou
en le laissant se produire sans rien dire. Ce qui s’est passé n’est pas présenté
de manière manichéenne et dramatique mais plus de manière expressionniste, à
l’aide de petites vignettes/ fragments. Le spectateur recollera les morceaux et
leur donnera une certaine cohérence. Des années plus tard, alors que le groupe
a explosé dans différents établissements, ses membres sont amenés sous
l’impulsion de Shoya à se croiser de nouveau, et les rôles endossés pour
continuer de vivre après le harcèlement seront quelque peu malmené (ça me fait
penser à une version douce et familiale du documentaire particulièrement
remuant « the act of killing »)
J’ai vraiment apprécié la
manière dont la culpabilité (véritable syndrome post traumatique) est traité
dans le métrage, son pouvoir destructeur sur celui qui ne cesse de se reprocher
ses erreurs passées, mais aussi par ric hochet sur toutes les autres personnes
affectées par son comportement, et assistent impuissante à la souffrance d’un
être aimé. Elles sont obligées de voir un harcèlement moral, ou le bourreau
comme la victime sont une seule et même personne. Etre témoin de ça a quelque chose de
profondément traumatisant.
Il y a beaucoup de beauté dans
ce film, dans les sentiments éprouvés mais aussi dans l’humanité des
personnages, dans leur volonté de vivre coûte que coûte jusqu’à s’effondrer exsangue,
pris dans une oscillation entre cette envie de se racheter, de mieux faire,
cette acceptation humble de la pénitence et les moments de désespoir. Il y a
beaucoup d’amour, de patience et de jugement suspendus dans la cellule
familiale, ça rayonne d’humanité. Alors que le film aurait pu virer à un long
chemin de croix, l’humour, la légèreté, la bienveillance en font une expérience
émouvante qui vous tire vers le haut.
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